Politique

Le Départ de Bintou Keita : Bilan Mitigé pour la MONUSCO en RDC et Avenir de la Mission

Le 30 novembre 2025 marque le départ de Mme Bintou Keita, Représentante spéciale du Secrétaire général et Cheffe de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), après un mandat de près de cinq années. Cette annonce, officialisée par une note aux médias, soulève des questions cruciales sur l’efficacité de la mission et l’orientation future de la présence onusienne dans le pays.

Malgré la profonde gratitude exprimée par la Mission pour son dévouement et son professionnalisme , l’évaluation du mandat de Mme Keita et, plus largement, de l’impact de la MONUSCO par une partie de l’opinion congolaise est plus critique.

La République Démocratique du Congo, et particulièrement l’Est, reste engluée dans une crise sécuritaire et humanitaire persistante. Le maintien des groupes armés, l’intensification des violences et le déplacement massif des populations posent la question fondamentale de la stabilisation promise par la Mission. Pour beaucoup de Congolais, la présence massive de la MONUSCO depuis plus de deux décennies n’a pas réussi à apporter la paix tant désirée, laissant un sentiment d’échec malgré les efforts déployés.

Le mandat de Mme Keita, bien que caractérisé par un appui aux autorités congolaises, aux institutions nationales et aux partenaires régionaux et internationaux, s’achève sans que la Mission n’ait pu transformer durablement la situation sécuritaire. Financement contre Souveraineté : Le Vrai Enjeu de la Présence Onusienne.

La persistance de la MONUSCO en RDC, au-delà de sa composante militaire, est perçue par certains comme une source de financement et un appui logistique essentiel pour diverses organisations et agences. Ce rôle, bien que crucial pour l’aide humanitaire et le développement de capacités institutionnelles, occulte souvent le besoin premier de la RDC : la paix et la sécurité.

La RDC possède un potentiel humain et des ressources naturelles considérables. L’argument selon lequel le pays pourrait assurer seul sa reconstruction et son développement, si seulement la paix était rétablie, gagne du terrain.

L’attention et les ressources internationales devraient, selon cette analyse, se concentrer prioritairement et exclusivement sur la neutralisation des menaces armées afin de permettre à l’État congolais de reprendre pleinement l’exercice de sa souveraineté.

La question n’est plus seulement de savoir ce que la MONUSCO donne, mais de savoir si ce qu’elle donne soutien institutionnel, financement d’ONG justifie son maintien, alors que l’objectif principal la paix reste non atteint. Le Congo a-t-il besoin d’une assistance prolongée pour gérer ses institutions, ou a-t-il avant tout besoin que les forces extérieures garantissent le minimum de sécurité nécessaire pour que les Congolais puissent s’en charger eux-mêmes ?

La période transitoire, assurée par M. Bruno Lemarquis et Mme Vivian van de Perre, en attendant un nouveau Représentant spécial, sera une période charnière.

Le départ de Mme Keita doit être l’occasion pour l’ONU et la RDC de procéder à une réévaluation sincère et en profondeur du mandat de la MONUSCO, et d’accélérer son retrait progressif vers une mission d’assistance résiduelle. Si la Mission ne parvient pas à transformer significativement le terrain sécuritaire, la priorité devrait être donnée au renforcement des capacités militaires et policières congolaises pour leur permettre d’assurer la stabilité du territoire seules, conformément à la volonté populaire.

L’avenir de la RDC est dans les mains des Congolais. Le rôle de la communauté internationale, y compris l’ONU, doit évoluer d’une présence stabilisatrice coûteuse et parfois perçue comme inefficace, vers un partenariat ciblé et temporaire qui soutient une souveraineté pleinement restaurée.

Rédaction

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